Qui suis-je ?

Tombé sur terre le 25 octobre 1939 à Territet. A vécu sa prime jeunesse entre deux funiculaires, à l’ombre de la statue de Sissi impératrice, des grands hôtels alors flamboyants, lorsque ce n’était pas à l’ombre des saules pleureurs du bord du lac, taquinant la perchette en compagnie d’un arrière grand-père qui avait suivi les Beaux-arts à Milan, …en gypserie.

En 1955, entrée en apprentissage de lithographe. Tout un souvenir d’odeurs et de gestes, l’encre litho à produire le lundi en arrivant, les becs de plumes à aiguiser sur la pierre à huile, des jours à aligner des bâtons verticaux, penchés, horizontaux, avant de passer à des dessins plus ‘’sérieux’’, peuplés d’angelots, de hures de sangliers et de vestales pudiquement drapées dans leur tunique. Très vite ce fut le grand chambardement. L’abandon de la pierre, la repro sur plaque de verre photographique, le film et l’on parlait déjà de scanners de reproduction.

Malgré cela, des années riches en découvertes, le dessin, l’aquarelle, la peinture à l’huile, la photographie… Quelques évasions, Paris, l’Angleterre, la Russie, le Danemark…

Une attirance toujours présente pour des paysages du nord, grands espaces, flots déchaînés, ciels tourmentés, ambiances de début du monde. Suivirent quelques décennies à habiller le vin, entre graphistes, imprimeur et vignerons.

Des souvenirs ramuziens, des amis, certains déjà partis cultiver les vignes célestes. C’était décidé, le moment venu ne prendrait pas sa retraite, mais changerait d’activité, rouvrirait sa boite de couleurs. C’est chose faite, avec une prédilection pour l’huile, son odeur, sa pâte que l’on touille sur la palette, réminiscence sans doute des métiers de l’imprimerie. Les sujets, des coups de cœur. La nature, en ses états d’âmes tout de fugacité. L’eau, vive ou somnolente, paysages lacustres, rivières et canaux, une admiration sans borne pour Turner. Façades de maisons aux portes et fenêtres dissimulatrices, protectrices d’une vie intérieure et secrète, un intérêt marqué pour l’œuvre de Hopper. Travaille sur photographies personnelles et croquis, un sujet pouvant rester quelques mois en gestation, peint dix fois dans la tête avant de rejoindre la toile.

Et puis ces mots de Charles Albert Cingria  :  Si l’on ne trouve pas surnaturel l’ordinaire, à quoi bon poursuivre ?